Nissim CAMBI
Nissim CAMHI est né le 15 septembre 1879 à Constantinople, capitale de l’Empire ottoman. La fratrie de Nissim est composée de 3 garçons et une fille.
Nissim se marie à Constantinople en 1902 avec Fortunée SEVI, elle-même née à Constantinople en 1882.
Un premier enfant prénommé Régine naît à Constantinople en 1904 et décède à Paris en avril 1905.
La situation économique pousse la famille CAMHI a rejoindre Paris en 1904. Naîtront à Paris, entre 1905 et 1923, 7 enfants : 3 filles et 4 garçons.
A l’occasion de l’arrivée en France le nom de CAMHI se transforme en CAMBI.
Les lieux de naissance des premiers enfants permettent de dire qu’après s’être établie dans le 12ème arrondissement, la famille s’est installée au 41 rue Basfroi dans le 11ème. Le gérant de l’immeuble du 41 de la rue Basfroi atteste que la famille est locataire d’un appartement à compter d’avril 1908.
Nissim exerce la profession de marchand ambulant sur les marchés où il vend de la coutellerie, des couverts, des lames de rasoir avec certains produits à sa marque. Les revenus tirés de cette activité sont très modestes et la famille vit chichement.
En famille, la langue parlée est le ladino; langue dérivée du vieux castillan et de l’hébreu.
Le mariage civil de Nissim avec Fortunée est célébré à Paris, dans le 11ème arrondissement, le 25 août 1914.
Engagé volontaire dans la légion étrangère, Nissim arrive à son corps d’affectation le 27 août 1914 et il sera renvoyé dans ses foyers dès le 24 septembre 1914 suite à une décision de la commission de réforme.
Nissim et sa femme Fortunée formulent par un courrier au ministère de la Justice en date du 29 juin 1920 une première demande pour obtenir la nationalité française. Ils déclarent à cette occasion un revenu de 30 francs par jour et un loyer mensuel de 300 francs. Le Préfet de Police propose d’ajourner cette demande.
Les autorités françaises attestent qu’en 1921 (ou 1922), Nissim séjourne au Pérou, vraisemblablement en vue de rejoindre un frère installé en Colombie.
Une nouvelle demande de naturalisation est formulée en début d’année 1923 ; le loyer mensuel indiqué de 300 francs est inchangé tandis que le revenu journalier déclaré n’est plus que de 18 francs.
Le 5 avril 1923 Nissim se présente devant le juge de paix pour obtenir au profit de ses enfants la nationalité française. Deux témoins, qui habitent dans le voisinage l’accompagnent, l’un négociant et l’autre marchand de vin. Cette déclaration sera officiellement enregistrée le 21 avril 1923.
Après la naissance de leur dernier enfant le 19 août 1923, Nissim et sa femme Fortunée confirment leur souhait d’obtenir la nationalité française et Nissim se rend à la chancellerie le 8 octobre 1923.
Nissim et Fortunée CAMBI acquièrent finalement leur naturalisation le 29 novembre 1923 et ainsi toute la famille est de nationalité française.
Les 7 enfants, nés entre 1905 et 1923, ont fréquenté l’école publique, ce qui permettra une insertion sociale et professionnelle.
Nissim et Fortunée sont arrêtés à leur domicile le 24 juillet 1944, par la police française, au 41 rue Bafroi Paris 11ème et rejoignent le camp de Drancy où l’un de leurs fils, l’aîné des garçons, a lui-même séjourné d’août 1941 à décembre 1942. Le reçu d’une somme, assez modeste de 129 francs, sera établi à l’arrivée au camp. Ils y seront incarcérés du 24 au 30 juillet 1944 sous les matricules 25 670 et 25 671.
De Drancy ils rejoignent la gare de Bobigny le 31 juillet 1944 et empruntent le convoi 77, qui les conduira à Auschwitz où ils décéderont, selon la date officielle, le 5 août 1944. A cette date ils ont plusieurs petits enfants, et ils ont appris, par leur fils aîné Albert, qu’un nouveau petit enfant est à naître d’ici la fin d’année 1944 ; mais ils ne le verront donc jamais.